Nos esprits sont tournés vers les temps bénis de l’avant-épidémie : nos pensées sont tournées vers nos proches emportés par la maladie, et nous nous demandons sans cesse comment subir le moins possible ces restrictions sanitaires qui n’en finissent plus. Pour ceux d’entre nous qui ont une santé plus fragile, la peur de la maladie nous empêche presque de vivre, tandis que les mutations du virus font planer le doute sur une possible fin de l’épidémie. Ainsi, comme les hébreux exilés à Babylone, nous avons les yeux rivés vers la terre promise qui nous a été arrachée. Le Seigneur utilise-t-Il cette maladie pour frapper ceux qui ont le plus péché ?
« Pas du tout ! » affirme le Christ. « Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. » (évangile de saint Luc, chp. XIII, v. 5). Si Dieu a permis ce malheur, ce n’est pas pour désigner les coupables. Pour nous en convaincre, il nous faut relire le livre de Job, ou contempler le Christ en Croix.
Si le Seigneur Jésus ose cette comparaison entre la mort du corps et la mort de l’âme, nous ne devons pas prendre son avertissement à la légère. Il nous faudra peut-être des décennies pour tirer toutes les leçons de cette pandémie, mais si nous ne cherchons qu’à reprendre notre vie d’avant, alors nous passerons avec certitude à côté d’un avertissement du Seigneur.
Pour notre société moderne, ébranlée par ce minuscule virus, comme pour nous-mêmes qui faisons partie de cette société, nous pouvons d’ores et déjà nous attaquer à l’un de nos plus grands vices : le refus de dépendre. Comme le dit le Cardinal Sarah, « la grande erreur de l’homme moderne est de refuser de dépendre. Il considère comme humiliant de dépendre de Dieu ». Si au moins grâce à cette crise nous pouvions faire nôtre cette maxime jésuite : « Agis comme si tout dépendait de toi, en sachant qu’en réalité tout dépend de Dieu ! »
P. Edouard Barbey