4ème dimanche du Carême
Dimanche 19 mars 2023
ILS NE VEULENT PAS VOIR
Ils ne veulent pas voir. Ils ont beau convoquer l’aveugle désormais guéri, ce qui s’est passé n’est pas concevable. Les menaces, la violence, les insultes, l’isolement et le rejet de cet homme à qui Dieu a fait grâce révèlent l’endurcissement de leurs cœurs, l’impossibilité presque systémique de voir ce que Dieu fait.
Voir. Ils auraient pu voir, ils auraient pu faire preuve de justice, ils auraient pu entrer dans le chemin de la foi et recevoir de Dieu pour eux l’illumination de la grâce. La question qui conclut l’évangile de ce dimanche résonne avec toute sa gravité pour eux et donc aussi pour nous : « serions-nous aveugles, nous aussi ? ».
Il nous est impossible de ne pas porter cette question avec toute l’inquiétude qu’elle charrie. L’aveuglement de l’Évangile désignait l’incapacité à reconnaître le Christ dans la chair. Il nous faut nous aussi apprendre à reconnaître le Christ dans la chair. Non plus dans son corps personnel mais dans celui auquel il s’est identifié et dont saint Matthieu nous dit qu’il est celui « des plus petits ». Ce dimanche entre, à la demande du pape François et des évêques de France, dans le temps de prière pour les victimes de violences sexuelles, d’abus de pouvoir et d’abus de conscience au sein de l’Église. S’il nous faut prier et porter devant le Seigneur ces situations insupportables, il est tout autant indispensable que cette prière se fasse action pour que nous sachions prendre soin de tous, des personnes qui ont été trahies et meurtries par les abus et des personnes fragiles et en situation de fragilité.
Plusieurs initiatives ont été réalisées au sein de la paroisse, comme le rappelait la FIP, il y a quelques semaines : formation reçue par les prêtres de la paroisse, création d’une ligne dédiée* et mise en place d’une cartographie des risques. Ces initiatives concrètes sont salutaires, elles procèdent de la volonté de lutter au nom de la justice – et donc au nom du Christ – contre le mal qui peut s’introduire au milieu de nous. Elles ne seront efficaces que si elles aident chacun à vivre une forme de vigilance non dans la méfiance systématique mais dans la sensibilité authentique d’un cœur capable de voir la fragilité des plus petits. Mais au fond, n’est-ce pas là aussi tout simplement un des fruits du Carême ?
*Françoise, psychologue bénévole, se rend disponible pour écouter les victimes éventuelles d’abus spirituels ou sexuels, mettant en cause des clercs ou des laïcs sur la paroisse. Parents et proches qui se posent des questions à propos du comportement d’adultes ou d’enfants peuvent aussi l’appeler. En toute confidentialité, Françoise est joignable sur cette ligne dédiée au 06 18 49 63 41.
Père Paul de Quatrebarbes

